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10 juin 2016

Dans la série Les Chevaliers certifiés, le premier opus : le Chevalier bègue!

Arhhh t'vaaaa... are ta djeule

Une aventure du Chevalier Bègue

 

 

Il était une fois, un chevalier doté d’un altruisme hors du commun. Son nom ? Le Chevalier Bègue ! Quel rapport entre cet altruisme et ce nom pour le moins équivoque ? Aucun.

Par une matinée pluvieuse d’hiver, le Chevalier bègue se trouve dans la salle d’apparat, avec une trentaine de choristes aux voix plus superbes les unes que les autres. Placés sous les ordres de la Chef de chœurs, Sœur Marie Thérèse Ben Roger d‘Hartimousse, les chanteurs rivalisent de virtuosité. C'est une pure merveille, un feu d'artifice sonore. Soudain, la religieuse frappe violemment le pupitre de sa baguette. Elle semble dépitée :

« Enfin, Chevalier Bègue » lance-t-elle désespérément, « nous n’y arriverons jamais ! Cela fait bientôt deux ans que nous travaillons toutes les matinées, la première portée de la première partie de ce chant grégorien appelé « Courus moins vitus, que je t’attrapus ». Aujourd'hui, j’avoue mon désarroi.

Vous avez beau me die que vous employez cette fameuse gamme dodécaphonique de votre ami, le Chevalier Schönberg, la mayonnaise ne prend pas ! C'est un échec total... Chevalier Bègue, pensez-vous qu’il faille encore insister davantage ? »

« Mais, absososo… maiiis, bibi… bibien évivi… évivi..évidemment ! Jeje seeeens queque çaaaa vivi… vivi… vient, maaaa seuseu... seuuusoeur ! ».

Le Chevalier bègue termine à peine sa phrase que l'on frappe fermement à la porte.

« Laiiii…lailai… Laissez, j’yyy..j’yyyy... j’y vaiiiis » lance furieux, le Chevalier Bègue. Il ouvre la porte et découvre le Chef des Gardes en sueur :

"Booon... Bonbon"

"Mon Maître veut-il que je m'en aille quérir quelques douceurs sucrées ? A quel parfum, les bonbons ?

« Tuuu.. tutu… »

« Vous voulez aussi un tutu ? »

« Nooon, imbébé… imbébé… »

« Ah ! Un bébé ? Tout à fait entre nous, à votre âge, est-ce raisonnable ? »

« Tu m’é m’é… »

« Tues Mémé ? Vous m’ordonnez de tuer votre mémé ? »

« Aaaaaargh ! Que veux-tu stupide individu ? »

« Chevalier Bègue ! Le Chevalier Noir n’a toujours pas trouvé de Chevaliers certifiés à sa mesure pour livrer un combat digne de ce nom, ce qui explique sa présence, aujourd’hui, devant l’enceinte du château. Il vous défie en combat singulier. En attendant, si vous entendiez ce qu’il dit de vous… »

Le Chef des gardes n’a pas le temps de finir sa phrase que le Chevalier Bègue, apparemment fort contrarié, l’interrompt : :

« Mais, que que...  Que sisisi... siiiii »

« Si quoi ? Citron,  six fois six, syllabique ? »

« Maiiiiiis, noooonoonnoon, imbé, imbébé… »

« Un bébé, encore ? Où se cache-t-il ? Ah, si je l’attrape… »

« Maiiiis nooonoon ! Imbébé, imbébébé… idiot ! Sous-espèce dénuée de tout sens pragmatique et de la moindre once d‘intelligence ! Je veux dès main...dès main... »

« Rassurrez-vous, Chevalier bègue, vous êtes doté de mains au nombre de deux. Rien d’anormal. »

« C’est pas popo, popossible ! Vouuuus êtes uun caca, un caca ! »

" Veuillez me pardonner, Monseigneur, mais je n'ai pas compris..."

" Vous êtes une caca...cacaaaaa.... une caca... Pas popopopoooooo... ! "

« Là, tout de même, Chevalier Bègue, sauf votre respect, je proteste. Je ne puis décemment pas vous assister pour votre caca-popo ! »

« Si, sii, silen, silen, silen… Silence ! »

« Six lances ! Vous voulez que je vous apporte six lances ? »

Deux heures après, le Chevalier Bègue et son Chef des Gardes n’ont guère avancé dans leur dialogue.

« Dou, douuuuuuuu »

« J’ai compris, Chevalier, vous réclamez votre doudou ».

« Maiiis, je vais cra, cracra ».

« Vous voulez faire crac-crac ? »

« Meuhhh… »

Et la journée s’écoule ainsi.

En fin d’après-midi, après huit heures d’un dialogue de sourd entre le Chef des Gardes et le Chevalier Bègue, le sous-chef des Gardes apparaît et lui donne un parchemin-express de la part du Chevalier noir, dont il est le destinataire. »

Le Chevalier Bègue le déplie et lit :

« Chevalier Bègue,

depuis ce matin 7 heures, je n’ai eu de cesse de vous invectiver, traîner votre nom dans la boue, vous provoquer en duel. Malheureusement, rien n’y a fait. Pendant plus de huit heures, je vous ai attendu. Hélas, je ne puis ni rester éternellement, ni en supporter davantage ! J’ai remarqué votre drapeau qui flotte sur le donjon, signifiant votre présence en ce lieu. Aussi, je sais maintenant que vous n’êtes qu’un couard. Un pleutre qui se défile. Devant une telle lâcheté, indigne de la Chevalerie certifiée, je vous quitte de ce pas et ne salue pas le lâche que vous incarnez décidément à la perfection. ».

A la lecture de ce document, le Chevalier Bègue devient fou de rage !

"Souuus-chef des gaardes ! Leee chevaaaaler noiir est-il dééjàà partiiii ?"

"C'eeest popooo... ossiiiiiblee ! Veuuuuuueux-tuuu queeeeee jeeeeee m'emprrrrrresse d'a... dada... daaa.. d'aller voiiiiir ?"

La légende raconte que, pendant deux journées entières, les habitants du château-fort qui passèrent devant le donjon, entendirent hurler la même phrase en boucle ininterrompue « Ah ! Aaaah baaa…. Ah, bah ça alolo… baça…alo, alorr, aloooooooo... ».

 

 

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